UN QUADRA EN RECONVERSION
Pionnier et roi des monospaces, le Renault Espace de sixième génération bascule définitivement dans le clan des SUV, tendance oblige. Une reconversion réussie pour le plus emblématique véhicule familial de la firme au losange qui fête ses 40 ans.
L’Espace 5, lancé en 2015, avait ouvert la voie en se voulant hybride dans son style, monospace et SUV à la fois. Un choix du « cul entre deux chaises » pleinement assumé à l’époque par Renault qui aujourd’hui avec le 6e génération bascule définitivement dans l’ère du SUV. Si commercialement cette orientation est logique vu la tendance du moment, elle est aussi et industrielle puisque le nouvel Espace 6 repose sur la même base technique que l’Austral lancé il y a quelques mois. Pour faire simple, l’Espace 6 est un Austral rallongé et il est capable de recevoir jusqu’à 7 passagers, mais avec beaucoup moins de modularité que les générations précédentes. On vous l’a dit le nouvel Espace est désormais un grand SUV et il joue désormais dans la cour des Peugeot 5008, Nissan X-Trail, Skoda Kodiaq, Seat Tarraco, VW Tiguan Allspace, Kia Sorento et Hyundai Santa Fe. Des concurrents bien installés et dont certains proposent des motorisations hybrides.
MOINS DE COFFRE, MAIS PLUS DE DYNAMISME
Construit sur la plateforme CMF-CD qu’il partage avec l’Austral, l’Espace 6 est plus court de 14 cm que l’Espace 5, mais par rapport à l’Austral il s’allonge de 21 cm, l’empattement de 7 cm et le porte-à-faux arrière s’étire de 14 cm et visuellement ça passe plutôt pas mal sans cette impression de sac à dos grâce aux ailes élargies et de petites vitres de custode. S’il a perdu sa modularité légendaire avec au rang 2 une banquette coulissante, sur 22 cm quand même, en lieu et place des sièges individuels et coulissants, l’espace de vie est appréciable pour les occupants et c’est le volume de coffre qui est la principale victime de la réduction de la taille, ainsi que les deux sièges du rang 3 réservé aux enfants et petits trajets. Dans notre version d’essai 5 places (option gratuite), le coffre perd quasiment 200 litres avec un volume de 581 litres, soit largement moins que la soute d’un Skoda Kodiaq pourtant plus petit de 2 cm. En 7 places, mais en utilisation 5 places avec les sièges du rang 3 repliés, on passe sous la barre des 500 litres avec un volume de 477 litres. Autant dire que l’Espace en manque un peu d’espace, conséquence immédiate de la réduction du gabarit. L’agencement qui présente d’autant mieux dans cette finition sportive Esprit Alpine, reprend l’ensemble du mobilier, des équipements et de la technologie embarquée de l’Austral.
Au volant, on retrouve les qualités dynamiques de l’Austral avec des trains roulants d’une grande précision. Malgré les centimètres en plus, l’agilité est exceptionnelle grâce aux 4 roues directrices et on fait demi-tour dans un mouchoir de poche et dans les rues étroites de Porto, cadre de notre essai, ce fut du pain béni. Moins ferme que sur l’Austral, l’amortissement est plus typé confort et nul doute que c’est ce que souhaitent les grandes familles. Sous le capot et pour faire simple, il n’y a qu’une seule motorisation de disponible, le nouveau moteur hybride E-Tech d’une puissance de 200 ch. Cette chaîne de traction qui démarre par défaut en mode électrique fait preuve d’une belle sobriété avec des consommations contenues (+/- 6,5l/100 km) lors de notre essai sur un parcours mixte. Constitué d’un bloc 3 cylindres turbo essence 1.2 litre développant 130 ch et d’un moteur électrique de 70 ch pour la puissance combinée, l’ensemble comprend également un second moteur électrique de 25 ch. Logé dans la boite à crabots qui est le centre de commandement de cette motorisation, ce petit moteur électrique fait office d’embrayage en régulant le régime du bloc thermique pour un parfait passage des vitesses et ceci dans une grande fluidité, même si parfois la rapidité fait encore un peu défaut. Hybride oblige, cette chaîne de traction démarre par défaut en électrique et si la batterie de 2 kW est vide, pas de panique puisque le moteur thermique passe alors en mode générateur en produisant l’électricité nécessaire pour que le moteur électrique fonctionne normalement sans le moindre souci de la recharge extérieure puisque le système est auto-rechargeable et c’est bien cette qualité première que l’on apprécie aussi avec cette motorisation qui permet d’avoir un rayon d’action bien plus élevé qu’un véhicule full électrique. Si techniquement cette technologie hybride développée par Renault semble complexe, au volant elle est d’une totale transparence et passe d’un mode à l’autre en ne faisant… rien et dès que l’électrique peut prendre le relais il en profite pleinement et en zone urbaine ce mode EV est particulièrement appréciable, mais ça vous le saviez déjà.
Le nouvel Espace n’est plus le grand véhicule familial hyper modulable qui a fait son succès durant près de trois décennies avant qu’il ne s’essouffle face à la montée en puissance des SUV depuis 10 ans. Dans sa nouvelle peau d’Austral allongé et donc de SUV, l’Espace 6 offre toujours 7 places mais aussi d’autres qualités, à commencer par son dynamisme et son plaisir de conduite grâce à un châssis qui tire pleinement profit des 4 roues directrices. La motorisation E-Tech Full Hybrid 200 ch qui l’anime gagne encore en agrément depuis l’essai de l’Austral l’hiver dernier et ce grâce à une amélioration de la gestion moteur. Un bonheur ne venant jamais seul, l’Espace 6 est surtout bien moins cher que ne l’était l’Espace 5.
Photos Laurent SANSON
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