A L’ÉPREUVE DE LA PISTE EN MODE TORTUE
En organisant pour ses clients la première course d’endurance sur circuit avec des voitures électriques de série, Audi France a relevé un sacré défi. Nous y étions, en tant que témoin privilégié au volant d’une RS e-tron GT engagée pour les médias pour cette grande première électrisante, mais frustrante.
Le sport auto et Audi c’est une vieille histoire d’amour entre les rallyes avec la Quattro Groupe B des années 80, l’endurance et les 24 Heures du Mans avec 13 victoires entre 2000 et 2014, le DTM ou encore le rallye-raid avec la victoire au Dakar en 2024 et maintenant le nouveau challenge de la F1 à partir de 2026. Naturellement, Audi France s’est inscrit dans cette dynamique sportive avec des programmes en compétition et en organisant à partir de 2011 les Audi Endurance Expérience (A2E), des courses d’endurance destinées aux clients de la marque via le programme MyAudi. La transition énergétique étant plus qu’une réalité pour la marque aux anneaux qui axe désormais sa stratégie sur la voiture électrique, c’est désormais la e-tron GT qui prend le relais de la compacte A3 TFSi utilisée jusqu’en 2016. Conscient de l’attractivité et du dynamisme du sport automobile, Audi France a souhaité insuffler un nouvelle dynamique dans sa relation client en relançant avec Oreca, son partenaire historique qui gère pour le compte de la marque de nombreux évènements de driving, l’Audi Endurance Expérience, mais avec une voiture électrique et un format inédit basé sur l’efficience plus que la performance.
Un nouveau concept de compétition automobile
Cap sur le circuit Paul Ricard en cette fin avril pour cette grande première annoncée électrisante. Pour en découdre sur le circuit dans sa version 3,8 km, 21 voitures et 21 équipages de 4 pilotes avec des clients MyAudi, des invités et des médias, l’ensemble encadré par 21 coachs-instructeurs au sein d’une organisation exceptionnelle pour rendre ce moment unique sur et en dehors de la piste. Une joyeuse bande de pilotes hommes et femmes d’un jour avec des expériences variées en course, voir aucune pour de nombreux participants totalement néophytes, ce qui était le but de cette course « clients » ayant reçue l’homologation de la FFSA.
Une expérience basse vitesse unique !
Avant même les premiers tours de roues, le briefing lançait les hostilités et on a vite compris que la régularité primait sur la vitesse pure. Tant pis pour les gros freinages, un éventuel « porte contre porte » en bout de ligne droite, des appuis marqués et de la haute vitesse, vocation même d’un circuit, le mode efficience était enclenché sur notre jolie RS e-tron GT rouge frappée du n°3 et partagée avec mes confrères Denis de Nice Matin et Quentin de 20 Minutes, sous l’oeil expert de notre coach Christopher Campbell, un spécialiste des courses de GT transformé en maître de la gestion d’énergie durant les essais et les 3 heures de course. Un mode régularité obligatoire pour tenir la distance avec une consommation idéale aux alentours de 30 kWh et le calcul était implacable avec une batterie d’une capacité nette de 84 kWh, pas besoin d’avoir fait Math Sup. En intégrant pas moins de 11 arrêts obligatoires au stand de 2 minutes chacun, soit 22 mn au total sur les 3 heures de course, le calcul était vite fait et ça passait limite-limite d’où cette procession à faible vitesse lors de la dernière demi-heure avec des e-tron GT « à l’arrêt » un peu partout sur le circuit et sans grand intérêt sinon que de finir coûte que coûte la course pour ne pas connaître les joies, et surtout l’humiliation, de la panne de courant en pleine piste. Tout en étant extrêmement light sur la pédale d’accélérateur ainsi que celle de frein et en surveillant en permanence le pourcentage de l’accélération avec pas plus de 50% de charge, sa vitesse maxi de 130 km/h et sa consommation instantanée, le pilotage n’en devenait que plus expert avec une recherche permanente de la trajectoire idéale qui ne freine pas trop la voiture puisqu’une bonne partie du tour était effectué en « roue libre » sans aucune action sur l’une des deux pédales. Autant dire que nous étions loin d’avoir des sensations fortes même en faisant l’intérieur à deux concurrents dans la double droite du Beausset à la vitesse de 94 km/h !.
Vous l’avez compris, l’important n’était donc pas d’être le plus rapide, mais surtout le plus régulier et surtout efficient en allant « le plus vite » et le plus loin possible avec une seule et unique charge de la batterie. Un électro-challenge avec casque et combinaison de pilote sur un circuit de Grand Prix de F1 et dans une voiture électrique de série développant plus de 600 ch, le concept est novateur mais à contre-courant d’une course auto sur une piste censée être le temple de la vitesse, même si cette dernière s’adresse aux clients de la marque. Néanmoins, une optimisation de son format semble indispensable avec pourquoi pas un allongement de la durée de course d’une heure (3 à 4 heures) tout en intégrant un arrêt pour une charge rapide à la discrétion des équipages et avec un temps forfaitaire afin d’éviter une fin de course digne du Grand Prix de la Tortue.
Photos Laurent SANSON et D.R Audi France